Chez les Amazighs, la vie est rythmée par le calendrier agraire, lui-même rythmé par les saisons et le cycle de la terre. On a eu envie de vous faire découvrir le printemps à la façon des Amazighs : les grandes étapes qui le caractérisent depuis des millénaires sont aussi des sources d’inspiration pour notre quotidien et notre transition de l’hiver au printemps.
Tefsut
Le printemps est une naissance.
La naissance des plantes. Les bourgeons font leur apparition, les feuilles repeuplent les arbres, la vie reprend ses droits sur l’hiver.
La naissance des terres. Terres cycliques, terres mystérieuses, terres meurtries par le froid et le gel comme par les fortes chaleurs et les sécheresses. Mais terres généreuses et fécondes, qui apportent les graines et la nourriture qui vont faire vivre les peuples.
La naissance des Hommes. Fatigués par l’hiver, mais tournés vers l’avenir. Les Hommes qui se réinventent au printemps, bercés par l’espoir d’une année féconde.
Amagar n tefsut. Aller à la rencontre du printemps.
À l’image de la nature, les hommes et les femmes accueillent le printemps en passant par plusieurs grandes étapes. Le calendrier agraire amazigh nous guide dans cette transition.
S’adapter aux changements :
Entrer dans le printemps, c’est être prêt à accepter une phase de rupture, de grand chamboulement. L’arrivée des beaux jours ne se fait pas toujours dans la douceur : on traverse des hauts et des bas, des extrêmes inverses.
Dans le calendrier agraire amazigh, le changement est symbolisé d’abord par les journées rouges, tizegwaɣin. Dix jours pendant lesquels le soleil couchant enflamme le ciel qui adopte un rouge profond à chaque crépuscule. Puis viennent les vieilles capricieuses, Timɣarine, sept jours au cours desquels la météo devient extrêmement changeante, entre fortes pluies, grand froid et grosses chaleurs.
Accueillir la nouveauté :
Le printemps amène le retour à la vie : les couleurs des pétales refont surface, la verdure des feuillages envahit les arbres, la fraîcheur de l’air du matin devient symbole de renouveau et, au cœur de cette renaissance, hommes et femmes réapprennent à accueillir la nouveauté.
Le calendrier agraire amazigh appelle cette période les blessures (ledjwareh), qui dure cinq jours. C’est la période du bourgeonnement et du renouveau des végétaux. Ensuite viennent les sept jours utiles (esswaleh) pendant lesquels les fruits apparaissent sur les arbres.
Tourner la page :
Le calendrier agraire amazigh nous enseigne enfin que pour entrer dans un nouveau cycle de vie, il faut tourner la page du précédent. Faire le deuil de l’hiver pour mieux entamer la nouvelle saison.
Pour les Amazighs, cela s’appelle les jours tristes (imheznen). Sept jours qui marquent la sortie irréversible de l’hiver. Les animaux sortent de leur bergerie pour renouer avec l’extérieur, redécouvrir la nature, l’air et l’herbe. Enfin, le printemps se clôture avec les eaux fécondes (nissan), quatorze jours de fortes pluies, puis les journées vertes (izegzawen), pendant lesquelles les premiers épis apparaissent et les fruits murissent, et enfin les journées jaunes (iwraɣen), sept jours de récoltes.
Les Amazighs fêtent l’arrivée du printemps le 15 furar (27 février dans le calendrier grégorien) avec un repas de légumes et de fruits secs. Les familles sortent et célèbrent la nature en jouant à des jeux et en se roulant dans l’herbe. En communion avec la nature, ils disent au revoir à l’hiver et vont à la rencontre du printemps et du renouveau 🌷
À bientôt,
Rym & Camille
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