Qui sont les Amazighs ?

Qui sont les Amazighs ?

Les Amazighs, qu’on appelle aussi les “Berbères”, font partie des peuples les plus anciens de l’humanité. Ils sont les descendants des peuples autochtones d’Afrique du Nord, dont on retrouve les premières traces dès la Préhistoire. Aujourd’hui, la tamazgha (région délimitée par les Amazighs) comprend l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie, le Sahara occidental, le nord du Mali, le nord du Niger, une partie de l’ouest de l’Égypte, les enclaves espagnoles de Melilla et Ceuta et les Îles Canaries. 

Les Amazighs se sont aussi étendus bien au-delà de l’Afrique du Nord. On estime que la diaspora amazighe représente entre 2,5 et 4 millions de personnes dans le monde. Ils vivent en Europe (notamment en France, en Espagne, en Belgique, aux Pays-Bas, en Allemagne…), au Canada, aux États-Unis…

Femme amazighe (source photo inconnue ; image Pinterest)

Les termes “amazigh” (qu’on prononce en français “amazir”) et “berbère” ont la même signification, mais la plupart des Amazighs préfèrent se faire appeler “amazigh”, le nom qu’ils se sont attribués, plutôt que “berbère”, possiblement hérité de l’appellation “barbare” utilisée par les Romains, même si cette origine du terme est débattue.

Qu’est-ce qui définit l’identité amazighe ? Si les Amazighs sont si dispersés géographiquement, comment peut-on encore parler de peuple amazigh ?

Le Tamazight, la langue amazighe 

Le premier moyen de définir l’identité amazighe est la langue. Le Tamazight est une famille de langues amazighes, dont il existe de nombreuses variantes régionales (kabyle, rifain, chleuh, chaoui…). Le tamazight est une langue vivante, encore parlée dans les familles amazighes en Afrique du Nord et dans certaines familles de la diaspora.

Il existe un alphabet amazigh, appelé Tifinagh, dont voici la version moderne :

L’origine du Tifinagh est encore débattue parmi les linguistes et experts d’Afrique du Nord, mais on pense aujourd’hui que c’est une variante de l’ancien alphabet libyque, utilisé en Afrique du Nord entre le 3ème siècle av JC et le 4ème siècle ap JC. Des historiens ont par le passé suggéré un lien entre l’alphabet phénicien et le Tifinagh, mais aucune preuve n’a été apportée d’une filiation directe entre les deux, et les linguistes parlent aujourd’hui plutôt d’influence.

Gravures en tifinagh, source photo Facebook @TamazƔa

Le Tamazight peut aussi être transcrit dans d’autres alphabets, comme dans un mélange d’alphabet latin/alphabet grec/alphabet phonétique international (par exemple, “tamazight” s’écrit “tamaziɣt”), ou encore en alphabet arabe.

Certains courants militants et intellectuels considèrent (ou ont longtemps considéré) qu’être “amazigh” était équivalent au fait d’être “amazighophone” (c’est-à-dire de parler la langue amazighe). Et ce point de vue est justifié en partie : la langue est au centre de l’identité culturelle et il est essentiel de la préserver. Le grand linguiste et écrivain Mouloud Mammeri s’est toujours battu pour continuer à faire vivre le Tamazight, qu’il considère comme un vecteur puissant de mémoire collective.

Mais l’identité culturelle est complexe et ne peut pas être réduite uniquement à la langue : d’autres aspects culturels entrent en jeu pour définir l’identité amazighe.

La culture amazighe

L’identité amazighe peut être définie à partir d’éléments culturels, sociaux, historiques, géographiques, symboliques… Par exemple, la famille, l’art, les traditions, les rituels, les chants, la gastronomie, sont autant de facteurs qui peuvent constituer l’identité amazighe.

 

L'écrivaine kabyle Taos Amrouche chantant des histoires traditionnelles kabyles

L’historienne Malika Hachid insiste en particulier sur la profondeur historique de l’identité amazighe. En effet, les racines amazighes sont très anciennes. Elles remontent à la Préhistoire, bien avant les conquêtes romaines, vandales, byzantines, arabes, ottomanes, européennes. De cette Histoire ancienne, riche et complexe est né un héritage culturel profond.

Gabriel Camps est un historien et expert qui a dédié sa vie à l’étude du monde amazigh. Il a notamment créé “L’Encyclopédie Berbère”, un ensemble de ressources open-source sur l’Histoire et la culture amazighe. Dans son livre “Les Berbères - Mémoire et Identité”, il parle de “permanence berbère”, cette façon étonnante qu’on les Amazighs de faire vivre leur culture à travers les siècles avec constance et fidélité, malgré des contextes historiques éprouvants et mouvementés.

Une culture orale

L’identité amazighe dépasse aujourd’hui les frontières. Elle est maintenant internationale, plurielle, mélangée à d’autres cultures… Mais elle est aussi très stable, très ancrée et revendiquée par de nombreux jeunes Amazighs du monde entier. La liberté, la résistance et la fierté font partie des valeurs importantes pour les Amazighs.

Une des forces incroyables des Amazighs est de transmettre leur culture oralement, de génération en génération et depuis des siècles. Les facettes complexes de la culture sont contées, chantées, dansées, cuisinées… Cette transmission orale a su survivre aux siècles, aux contextes historiques, à la mondialisation… Pour arriver jusqu’à nous, ébranlée mais intacte et puissante.

Pour comprendre toute la profondeur de la culture amazighe et de ses traditions orales, nous avons passé plusieurs années à faire des recherches, à dénicher des livres (souvent plus édités), des reportages, à recueillir des témoignages. Nous avons essayé de comprendre les piliers de la culture amazighe : ces moments, ces traditions, ces subtilités qui font qu’un Amazigh se sent Amazigh. Nous avons réuni nos recherches dans un livre : “Le silence de nos grands-mères”. Un moyen pour nous de faire découvrir la richesse de la culture amazighe à tous.

Livre - Le Silence de Nos Grands-mères - Un voyage au cœur de la culture amazighe - format carre

À bientôt !

Rym et Camille

Crédit photo en bannière en haut de l'article : femme de la tribu Aït Imerhane (Tafilalt, Maroc, 1976) - source photo : instagram @morocco.8k @oldmaghrib

 

Retour au blog

Laisser un commentaire

Veuillez noter que les commentaires doivent être approuvés avant d'être publiés.